Le Pen amène Le Pire : La gestion catastrophique des ex-municipalités FN

Publié le par Henry Xavier HOFBAUER

Le vote lepèniste s’explique par le fait que l’on a « tout essayé » et qu’il faut que le F-Haine ait « droit à leur chance ». Mais le plus intéressant et que justement le parti de la famille le Pen a eu sa chance dans différentes villes de France et que, étrangement, Marine Le Pen s’est débarrassé des bilans de ces « villes modèles » avec une partie des détritus les plus voyants de son  parti. C’est dommage, car ils sont plutôt révélateurs.

 

En 1989, le comte Charles de Chambrun emporte Saint-Gilles dans le Gard. Cet ancien député FN commence fort dès le début de son mandat. Il assure que « la civilisation islamiste représente le plus grand danger menaçant les civilisations judéo-chrétiennes ». Il entend «  résoudre les problèmes posés par les immigrés qui ne respectent pas les Français ».  On allait voir ce qu’on allait voir…

 

 

Et ce qu’on a vu a surtout inquiété la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (Cnil). Celle-ci enquêta sur  l’existence de six fichiers informatisés et de trois fichiers manuels, tous non déclarés, et dont la légalité étaient plus que discutable. Comme le fichier relatif à l’aide sociale : celui-ci contenait deux sous-fichiers séparent les Français de souche des Maghrébins. Accusé d’une gestion raciste de sa municipalité, l’élu FN se défendit en accusant la Cnil de faire preuve de « méthodes gestapistes ».

 

Mais puisque la politique du FN ne se résume pas à l’immigration, les autres aspects de la gestion de la municipalité furent tout aussi exemplaires, au point que Charles de Chambrun fut poussé à la démission à la suite du rejet de son budget. On nota le départ du premier adjoint, de l’opposition de conseillers municipaux contre « des erreurs de gestion » et de l’  « insuffisance de réalisation » du maire.

 

images-copie-4

 

Ce désastre n’empêche pas des candidats FN de gagner Orange, Marignane, Toulon en Juin 1995 et Vitrolles en Février 1997. Ce coup-ci Jean-Marie Le Pen motive ses troupes : ces villes doivent devenir « des points d’appui et des vitrines de la reconquête nationale ».  Et on reconnait tout ce qui fait la saveur de l’extrême-droite : les bibliothèques se voient imposées certains ouvrages (devinez lesquels) et les replacements des abonnements à des journaux réputés à  gauche par les titres de la presse d’extrême-droite au nom « de l’égale représentation des courants d’opinion », les centres culturels sont sommés de se soumettre à une certaine conception de la culture nationale, refus de délivrer les indispensables certificats d’hébergement, calculs des tarifs de cantine pour pénaliser les familles extra-européennes, refus de casher et du halal dans les cantines (déjà)…  

 

Et le bilan humain est encore pire, la chasse au sorcière est lancé chez les employés municipaux : mutations, brimades, rumeurs, harcèlement, …  Deux jeunes d’origine maghrébine ayant des postes à responsabilité se voient proposer une affectation aux services d’entretien. A Orange, un délégué syndical FO se suicide. Jacques Bompard, l’élu FN, fait alors le procès du mort dans la presse*.

 

De plus, malgré tous leurs efforts, les élus frontistes s’avère incapable de lutter contre l’insécurité, ce qui était l’une de leurs grandes promesses de campagne. La délinquance enregistre des augmentations de 5,9% à Toulon, 5,96% à Vitrolles, 13% à Marignane et 22,7% à Orange !!  

 

Les finances ne sont pas plus brillantes. Ceux qui avaient cru aux promesses de diminutions d’impôts ont rapidement déchanté. Les Vitrollais devront payer cher les frais d’avocat de leur maire pour défendre les nombreux procès intentés à son encontre, tous perdus. Sans compter les coupes drastiques dans les dépenses publiques, budgets cultures, sportifs, associatifs et surtout sociaux. « Quand on veut travailler dans le social, on doit avoir un comportement de bénévole », déclare Jacques Bompard. En attendant, Toulon se retrouve endetté de 213 millions d’euros … et pour longtemps.

 

Jean-Marie Le Pen voulaient des « modèles de gestion » pour la bonne image du FN. Marine Le Pen aimerait qu’on les oublie.

 

 

*  Le journaliste Michel Soudais retranscrira cette conférence de presse dans son livre « Le Front Nationale en face », Flammarion.

 

 

Ce texte s’inspire largement de l’article du Canard enchaîné « les petites villes modèles », qui apparaissent dans un dossier du Canard enchaîné sur Marine Le Pen intitulé « les dégâts de la Marine ».

 

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article